Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
planes
26 juin 2010

Théâtre-Français

Le premier tome du Journal de Stendhal (NRF, 1935) s'étend de 1801 à 1805. On y rencontre un Stendhal émouvant de juvénilité et d'ambition, passionné par le théâtre qu'il fréquente assidûment, y découvrant l'usage du monde et rêvant au succès des pièces qu'il commence mais ne finira jamais, aux comédiennes qu'il espère avoir et qui le possèdent. Le nom de Fleury revient dans ses pages non moins souvent que celui de Talma, adorné d'épithètes à peine moins élogieuses, emplois comiques obligent, plutôt qu'infériorité de génie. Cependant Stendhal a un reproche à lui faire : Fleury a la « poitrine faible » comme Molière à la fin de sa carrière (p 69), il n'articule pas d'une manière assez ferme (p 70), « c'est un acteur délicieux, mais on sent que sa poitrine est faible » (p 83), « Fleury a très bien joué, quoique un peu faible de voix » (p 108), « Fleury joue très bien les premiers actes, mais il me semble qu'à la fin ses moyens s'éteignent avec sa voix » (p 168), « Fleury manque d'organe » (p 181), « son organe tombe » (p 188), « Fleury avait joué M. de l'Empyrée dans la première pièce, supérieurement les choses de demi-chaleur où son organe peut suffire, comme un grand talent usé tous les morceaux d'enthousiasme qui composent presque tout le rôle. » (p 231).
Mais quand Stendhal entreprend la conquête de Mlle Louason, c'est à ce maître qu'il songe : « Tous mes propos d'amour avec elle ont été joués, il n'y en avait pas un de naturel. Tout ce que je lui disais était du Fleury tout pur ; j'aurais presque pu indiquer la pièce où je prenais chaque geste, et cependant je l'aimais. » Du Fleury, pas du Regnard, du Molière ni du Fabre d'Eglantine ; belle façon de dire sans la voix ! « J'admire l'étonnante physionomie de Fleury et ses grands yeux. Je ne les avais jamais vus de si près; ils parlent beaucoup plus haut qu'on ne parle dans le monde. »

Publicité
Publicité
Commentaires
planes
Publicité
Publicité