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planes
24 juin 2010

Des ralentis et des commentaires

Je devrais me passionner pour la Coupe du monde. Où peut-on ailleurs être séduit par la Corée du Nord, ou voir les Etats-Unis se faire voler ? Le football des nations est moins corrompu par l'argent que le football des clubs. Les perdants peuvent sortir la tête haute, avec panache, sans qu'un Jean-Michel Aulas vienne gronder les arbitres en chiffrant les pertes financières dues à leurs erreurs présumées. Sauf que ça ne se passe pas comme ça, et que les Jean-Michel Aulas sont partout, que nous vivons dans un monde de Jean-Michel Aulas. L'Equipe, il me semble que ça a été quelque chose à une époque, l'héroïsme des forçats de la route et des écrivains qui suçaient leurs roues, c'était autre chose que leur une ordurière. Depuis, le cyclisme est mort, même si on voudrait croire le contraire, et de plus en plus je m'inquiète du sort qu'ils réservent au football. L'équipe de France, n'en disons rien : il n'en faudrait parler que pour réclamer le silence. Mais le reste ? Le ballon aux trajectoires imprévisibles, la moyenne de buts scrutée avec une attention maniaque, comme si c'était un bon indicateur de la qualité de jeu, et de l'intelligence tactique, et puis cette passion furieuse du ralenti : le commentateur est dans l'incapacité de jouir de la beauté d'une action, il veut la vérité promise par l'image au ralenti — vérité illusoire qu'un autre angle de prise de vue démentirait. Hors-jeu, faute, main, il faut juger, faire ce sale boulot et le faire proprement, avec l'appui infaillible de la technique, et crier au scandale. Le but de Luis Fabiano contre la Côte d'Ivoire, avec ses deux coups du sombrero, il est magnifique, même si on préfère les dribbles coulés de Gervinho au football contre-nature du Brésil de Dunga le laborieux, eh bien, on n'a pas le loisir de le goûter, il faut insister sur les deux fautes de mains invisibles à vitesse réelle, avec un aplomb incroyable quand on connaît la volontaire indétermination anatomique du footballeur qui appelle main le bras jusqu'à l'épaule, plus ou moins comprise, et il faut encore accabler l'arbitre quand un ralenti le montre demander à Luis Fabiano s'il n'a pas touché le ballon de la main et douter en souriant de sa dénégation, peut-être de bonne foi. « C'est surréaliste » entend-on, alors que c'est justement la réalité de tous les terrains du monde. 

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Commentaires
P
Intéressant tout ça. Merci !
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A
Juste pour info, sans rapport très direct avec ce billet (mais lointain, quand même): http://eljjdx.canalblog.com/archives/2010/06/13/18251743.html
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V
Oui, c'est aussi ce que je pense des records du monde de vitesse mesurés au centième de seconde: ça n'a aucun sens.
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P
Video will kill the reality stars.
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P
Un point de vue iconoclaste.
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planes
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