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planes
5 février 2019

Peau de chagrin

Mektoub my love : canto uno va passer à la télé, cela me donne l'occasion de voir une bande-annonce du film. La conjonction d'images d'une jeune actrice en son short très court et d'autres d'une plage sétoise, me fait penser au dernier mot que l'on prête à Paul Valéry. Dans sa bibliothèque, désignant tous les beaux ouvrages patiemment amassés, il aurait dit : « Décidément, tout cela ne vaut pas un beau cul. » L'authenticité de la parole semble douteuse, mais le concept même d'authenticité est douteux. Comment faut-il la comprendre ? Valéry s'attaque-t-il à la bibliophilie, cette passion des cuirs rares dont la beauté jamais n'égalerait celle de la peau humaine ? À la manie du collectionneur, qui défie la finitude dans un combat perdu d'avance ? À la littérature, dont les plus étincelantes réussites seraient ridiculisées par les merveilles de la nature ? À l'intelligence humaine, dont les constructions savantes, simulacres et manigances plutôt que sublimation, ne serviraient qu'à masquer l'appétit animal et l'instinct de reproduction qui les fondent ? Peut-être tout cela. Cette consécration de la beauté des fesses n'est pas neuve, on peut toutefois noter qu'elle a récemment gagné des adeptes dans le beau sexe, qui jusque là n'était qu'admiré ; il semble admis aujourd'hui que les femmes sont aussi sensibles que les hommes aux êtres callipyges. Il est permis de trouver là un indice jamais évoqué de l'évolution des consciences vers l'égalité des sexes et l'effacement des genres : l'accession des femmes au sentiment esthétique du beau cul.

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