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planes
28 novembre 2018

Gag

J'ai écrit dans une note précédente que les jeunes générations avaient été biberonnées à la sitcom américaine, c'est peut-être moins vrai désormais, il me semble que la vague a reflué et que les séries à succès d'aujourd'hui sont plus volontiers dramatiques — mais je n'ai pas Netflix. Mon oncle Charlie (Two and a Half Men) n'était pas la meilleure des sitcoms : son acteur principal, Charlie Sheen, jouait un personnage plus intéressant dans les dernières saisons de Spin City ; son créateur, Chuck Lorre, a fait plus ambitieux et plus réussi ensuite avec The Big Bang Theory. La série ne se déploie que sur un registre comique, il n'y a pas de réelle intrigue comme dans Friends ou How I Met your Mother, pas non plus la finesse new-yorkaise de 30 Rock. On aurait tort pourtant de ne retenir d'elle que les grossièretés qu'elle se permet plus que ses rivales : parce que la mécanique tourne à vide, elle montre peut-être mieux qu'aucune autre les rouages comiques de la sitcom américaine. Dans le premier extrait de la vidéo qui suit, la série se permet une échappée dans l'émotion. Quinze secondes sans rire, la concession est rare, c'est un sacrifice accordé par les auteurs en vue d'une plus belle prise. Jon Cryer est excellent comédien, son poème et son émotion sonnent vrai. Au prix d'un raccord périlleux, mais pensé, qui suit le mouvement de tête du père vers son fils, le plan se resserre sur le visage du premier : il est dans l'attente du contre-don, de l'émotion partagée. Cela dure deux secondes, le temps se suspend-il, comme le veut la formule rituelle ? Non, jamais cela n'arrive, mais quelque chose est sur le point d'advenir : un démenti de l'attendu non par le réel, mais par le fictif. Un gag.

 

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