Bénéfice des rues
Au feu rouge, je proteste mais finalement laisse le Gitan laver mon pare-brise, bien sale après un mois d'immobilisation forcée — j'avais fini par me faire à l'idée que ma vieille voiture était une épave, mais le Marocain du troisième a fait des miracles. Surtout, je viens de lire Rue des Maléfices de Jacques Yonnet, aiguillé, aiguillonné par cette note d'Ornithorynque, et j'ai tendance à voir depuis en chaque Bohémien un mage. Je donne une pièce d'un euro, range mon portefeuille, constate du coin de l'œil la maladresse du Gitan qui a fait tomber la pièce dans l'habitacle, la cherche puis très vite renonce, donne un autre euro. Arrivé chez moi, je ne retrouve qu'une pièce de cinq centimes : il est juste que l'astuce soit récompensée.