La Bourse (Comédie humaine, 4)
Cela commence au crépuscule, entre chien et loup. Qui sont ces deux femmes qui viennent au secours du jeune peintre tombé de son échelle ? La jeune fille est belle et pure, mais dans les deux cas il ne s'agit que d'apparence, grâce de la surface, malédiction de la profondeur. Sa mère parvient malgré la misère à garder au foyer un aspect honorable. Tout juste a-t-elle le défaut d'aimer les jeux d'argent et de recevoir à cette fin deux hommes à la familiarité douteuse. Quand sa bourse disparaît, les soupçons du peintre, avivés par des ragots, emportent la digue de la raison : « l'illusion n'est-elle pas pour la pensée une espèce de nuit que nous meublons de songes ? » Heureusement Hippolyte Schinner est bon, il sait aimer, plus que de raison, ce dont chacun ou presque est capable, mais plus que d'imagination : il affronte le réel et en sera récompensé. C'est là le pari balzacien. Il faut miser sur la vertu de l'être que l'on aime. Tout calcul fait déchoir ; toute plainte anticipée aussi. Particule ou pas, il s'agit d'être noble et d'aimer noblement. Alors, tout finit pour le mieux : « Il paraît que nous sommes en famille ce soir. »