L'or du temps

J'ai trois ans, peut-être quatre. Nous sommes à la plage, et mon grand-père est présent, au moins dans mon souvenir. Cela s'est produit quelques fois, je me souviens même qu'un jour nous avions acheté des frites, c'était une dépense somptuaire. J'en ai gardé longtemps un souvenir ému, moins des frites que du petit drapeau planté dans la barquette, conservé précieusement comme un trophée de guerre. Nous sommes sur la plage donc, et j'égrène le sable par poignée. Ma main se vide comme un sablier, et soudain laisse apparaître une chaîne, fine et d'or comme le sable. Je lis dans le regard de mon grand-père de l'incrédulité. Comment un si jeune enfant pouvait interpréter ces preuves matérielles du bien-fondé de sa pensée magique ? Et comment ne pas déchanter après de tels débuts dans la vie ?