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planes
20 février 2009

Françoise

A une époque, Dany Boon me faisait plutôt rire, et j'accueillais l'annonce d'un de ses sketchs sur Rire et Chansons avec plaisir, un plaisir certes moindre que s'il s'était agi d'Elie et Dieudonné, mais tout de même supérieur à celui que suscitaient les Vamps, Marc Jolivet, Raymond Devos ou Smaïn. Aujourd'hui, tout juste m'amuse-t-il avec ses manières de nouveau riche, ou bien lorsqu'il se plaint d'être dédaigné par l'académie des Césars ; mais, même dans ce registre limité, il est surpassé par d'autres, Laurent Neumann par exemple, qui dans Marianne y voit le symptôme d'un fossé croissant entre le peuple et les élites, et d'un mépris de ces élites « pour les films comiques en général, et pour le cinéma populaire en particulier » (sic).

Bien, faisons une critique constructive. Bienvenue chez les Ch'tis, c'est nul. Accablant. Pas drôle une seconde. A la rigueur, pour reprendre une comparaison dont les journalistes ont fait leur miel, Astérix aux Jeux Olympiques est plus rigolo — je me demande si ce n'est pas la première fois que j'écris ce mot : on a les hapax qu'on mérite. Ce qui est drôle, c'est de voir les critiques, confondant culture populaire et culture de masse, se raccrocher aux branches ; ou bien d'entendre Dany Boon expliquer que son film a marché parce qu'il n'avait rien d'américain. On sent bien pourtant une lointaine origine américaine dans l'articifielle ambition rythmique des dialogues et on devine que Dany Boon l'a puisée en jouant dans La Doublure, film qui déjà sonnait particulièrement faux, contrefaçon de mécanique de précision américaine — Francis Veber étant de sa personne une contrefaçon de Californien. Les acteurs adorent cette idée de jouer  à la virgule et à la seconde près, elle leur donne l'impression de faire un métier sérieux. Ils nous font ce coup-là chaque fois qu'ils jouent du Feydeau, qui me semble par ailleurs lui-même assez faiblard (jugement à l'emporte-pièce : la seule fois où je l'ai vu joué, Julien Lepers, pour lequel j'éprouve plutôt de la sympathie, cabotinait sans vergogne).

Nul doute en tout cas que le remake américain sera meilleur, mieux écrit et mieux joué. Il faudra adapter, passer du territoire à la communauté, améliorer, si bien qu'à la fin de l'original il ne restera presque rien. Ils auront donc acheté du vent, en conscience, simplement par goût naïf et pur du succès. Succès d'ailleurs émouvant : plusieurs millions de personnes sont allés voir un film médiocre, qui repose entièrement sur des lieux communs, précisément pour un lieu commun : la France. Nom de pays ! C'est un peu plus riche qu'une opposition Nord / Sud, chaleur humaine contre égoïsme, ou qu'un atterrant quiproquo dialectal sien / chien, scène pénible, étirée, qu'on surmonte en songeant à Françoise.

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Commentaires
P
Je ne suis pas allé au cinéma depuis deux ans et demi (ça pourrait prendre fin ce soir), je me suis contenté d'assister à la projection familiale d'une copie frauduleuse.<br /> Je vais bien, merci, mon équipe a gagné hier soir.<br /> Heureux de te revoir ici, j'espère moi aussi que tu vas bien.
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C
T'étais allé le voir au cinéma ?<br /> J'espère que tu vas bien. Ca fait longtemps que je n'ai plus participé !
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planes
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