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28 octobre 2008

L'art de naguère

J'avais l'intention d'écrire quelques mots sur le Physiologos mais un heureux hasard m'en détourne et me presse d'évoquer un autre sujet. Alors que souvent la visite rendue à quelques blogs voisins me dissuade d'écrire, parce qu'elle épuise le temps dont je dispose et rend manifeste le talent dont je ne dispose pas, un passage ce soir sur le blog d'Alice a l'effet inverse. « Aux faits ! », entends-je quelqu'un crier, qui n'est autre que moi. Dans ce billet, « T'es ok, t'es bath » est attribué à la Compagnie Créole, alors qu'il doit l'être à Ottawan. A quoi sert de relever cette erreur indifférente sinon commettre une indélicatesse ? A prendre note de la confusion et à évoquer tout ce qui la justifie afin que de l'indélicatesse plus rien ne subsiste que ce texte pataud aussitôt oublié.
Il y a quelques semaines, je disais ici le bien que je pensais des quelques tubes d'Ottawan, et ce n'était pas pour faire mon malin. Je tiens « D.I.S.CO. » pour un moderne hymne à la joie, bien plus capable de la susciter chez moi que l'ancien, et il n'est pas impossible que depuis un trajet effectué hier en voiture et en musique je ne cesse de fredonner mentalement le refrain de « Haut les mains » que pour chanter, toujours mentalement, « A.I.E », chanson que la Compagnie Créole mettra, après Ottawan, à son répertoire. Les deux groupes ont chanté principalement des chansons composées et écrites par Jean Klüger et Daniel Vangarde, également arrangeur sous son vrai nom de Bangalter — il est le père de Thomas Bangalter, de Daft Punk. J'aime bien la Compagnie Créole, et je ne l'écris pas non plus pour faire mon malin. Son malheur est d'être née dans les années 80, à l'époque de l'argent roi et de la perversion généralisée du goût, alors que la place dévolue à la musique noire s'amenuisait, dévorée par un rock assombri, la new wave, au son daté des premiers balbutiements cacophoniques de la musique électronique, dont on trouve trace jusque dans les morceaux de la Compagnie : du rythme en boîte à la boîte à  rythmes.  La musique disco était l'aboutissement, sinon l'apogée, d'une lente évolution, parallèle à l'affranchissement des Afro-américains, des lamentations et des audaces grivoises du blues à l'exubérance funky en passant par l'état de grâce de la soul (voilà l'apogée), miraculeux point d'équilibre, qui a su garder l'écho écclesial en chantant en plein air.  Après cela : du sample et des boucles, parfois géniaux, ne dénigrons pas la répétition. Quand Ottawan pouvait encore offrir une frénétique dernière danse, la Compagnie Créole devait faire dans la variété et le folklore. Qu'on ne s'y trompe pourtant : même dans leurs plus mauvais morceaux, on entend comme un écho lointain une basse entraînante : la Compagnie Créole est la continuation d'Ottawan par d'autres moyens.

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Commentaires
P
Victor Hugo est grand, et Pastorius est son prophète.
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P
On entendait au loin un grondement immense, qui était le soulèvement de la basse.
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