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planes
8 mars 2019

Gone Girl (aka la Vérité)

Avant Petit Paysan, nous avions regardé le remarquable Gone Girl de David Fincher, belle et retorse mise en scène du conflit entre le vraisemblable et le vrai. Tout nous pousse d'abord à croire que le personnage joué par Ben Affleck est le meurtrier mais ce scénario n'est pas celui du film, c'est celui qu'a par vengeance conçu son épouse trahie. Nous le comprenons à la moitié du film, qui survit brillamment à ce twist précoce. Le vraisemblable l'accuse, comment va-t-il rétablir le vrai ? En jouant le vraisemblable, l'amour contrit envers son épouse trompée. Elle s'y laisse prendre, croit-on, mais pour autant le vrai n'a pas partie gagnée : la vérité est éternelle, le vraisemblable ancré dans le temps, et dans ce temps la femme victime ne peut pas être battue. Le temps du récit passe, au-delà du film qui finit, on le devine, et la fin ouverte empêche que le vraisemblable se fige en vrai. Tout n'est pas réaliste, qu'importe ! La scène de la rencontre est trop belle, les répliques débordent d'intelligence et d'esprit comme il n'arrive jamais en vrai, mais comment mieux rendre compte de l'émerveillement initial, qu'il soit souvenir ému ou invention tactiquement consignée dans le journal intime ? La vérité n'est pas le réel ; elle est la justesse dans la représentation ou le récit du réel. Ricœur dit juste quand il pose que le contraire de la chronologie n'est pas l'achronie, mais la narration, qui reconstruit une temporalité. Osons la translation :  le contraire du faux n'est pas la vérité immuable, mais la vraisemblance reconstruite par la fiction. Et Gone Girl y réussit brillamment.

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