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22 janvier 2019

Pour en finir avec Édouard Archinard

La phrase que je lui attribuais le 2 janvier, « les abrutis ne voient le beau que dans les belles choses », est en fait dans le cinquième numéro de Maintenant signée d'un autre hétéronyme, Marie Lowitska. Trois pensées sont regroupées sous le titre énigmatique de PFF ; on est tenté d'y lire une dédicace pour Félix Fénéon, à moins que Fénéon fût l'auteur véritable de ces pensées. Est-on certain qu'Édouard Archinard est un hétéronyme d'Arthur Cravan ? C'est probable. Un article paru sur le site Mélusine fait le point sur la question et montre même quelques tableaux attribués à Édouard Archinard.

Dans un livre de Valery Larbaud, je croyais Technique mais c'est que j'aimais beaucoup ce titre, en réalité dans un recueil de lettres de Paris pour le New Weekly, j'avais relevé ceci, extrait d'une lettre du 3 au 4 avril 1914 : « À la galerie Bernheim Jeune, une cinquantaine de tableaux d'Édouard Archinard, pendant une semaine. Pourquoi cet artiste nous oblige-t-il à voir toutes ses oeuvres à travers des lunettes jaunes ? Et quelle est cette chose qui exigeait d'être exprimée avec tant de précaution, tant de laborieuse minutie ? Des états d'âme ? Une atmosphère ? Je ne dois ni ne veux prononcer de jugement. Il s'agit d'un artiste nouveau (nouveau pour moi, à tout le moins). Je dois essayer de le connaître mieux. Je dois l'étudier avec soin, à loisir. Agir ainsi est, en certains cas, profitable. »

Une cinquantaine de tableaux tout de même : ce n'est pas une petite plaisanterie. Adolescent, Cravan avait étudié le dessin, il devait valoir bien des rapins à cheveux longs, l'appui de ce cher homme de Fénéon faisant le reste. Dans Maintenant, Archinard apparaît deux fois. La seconde, dans le fameux compte-rendu de l'Exposition des Indépendants, texte irrésistible — chaque fois que je lis le « vieille salope » adressé à Suzanne Valadon, pourtant une vertu, je pouffe comme un enfant — : « Quel faux idéal que celui de Maurice Denis. Il peint des femmes et des enfants nus dans la nature, ce qui ne se voit jamais de nos jours. Devant ses toiles, comme disait un de mes amis, Édouard Archinard, on dirait que les enfants s'élèvent tout seuls, que les ressemelages de souliers ne coûtent rien. » La première, en signature d'un long poème inégal, « Des paroles », dont me revient parfois un vers ou deux, à moi qui pourtant les retient si mal. Parmi eux, ce conseil : « Restez Mystérieux / Plutôt que d'être pur acceptez-vous nombreux. »

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