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3 novembre 2018

SAS

Alors que je franchis le seuil du bureau de poste, je vois une femme dans la rue qui vient vers moi. Je m'apprête à lui tenir la porte, puis me ravise : depuis quelque temps, il faut sonner pour demander à la guichetière l'autorisation d'entrer. Si je tiens la porte, je contreviens à ces nouvelles consignes de sécurité ; si je la referme, aux règles les plus élémentaires de la courtoisie. Je choisis la deuxième option, parce que la femme est encore loin, qu'elle peut très bien aller chez le coiffeur à côté et que cette incertitude seule suffit à me disculper du soupçon de goujaterie. Je ne peux toutefois faire semblant de ne pas voir le colis qu'elle tient dans ses mains. Aurais-je dû ignorer le dispositif de sécurité, gadget qui ne refuse l'entrée qu'aux hommes encagoulés ? Aurais-je dû me montrer galant parce qu'elle est femme et que je suis homme ? Être femme faisait-il d'elle une menace moindre ? Et quincagénaire ? Et d'allure bourgeoise ? Pendant une seconde, je pensai à tout cela, et passant du bureau de poste à l'allée bordée de platanes, je traversai un sas entre l'ancien et le nouveau monde.

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