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planes
22 février 2012

Histoires naturelles

Cette plante épineuse, brunâtre et ligneuse, qui croît en une nuit au milieu du bitume et parfois laisse échapper une pulpe de grenade, d'aucuns prétendent l'avoir vue bouger et la nomment hérisson.

Cela fait bien deux semaines que je vois en bordure de route un spécimen intact, comme empaillé, à quelques centimètres de la chaussée, terrassé peut-être par la peur et rendu par cela impropre à la consommation, ou pour le moins suspect, tellement bien conservé, sous le soleil revenu, que je le soupçonne de faire le mort en ce lieu, comme certains faisans solognots qui par expérience ont compris qu'en bordure de nationale on respectait un relatif cessez-le-feu.

J'ai bien peur d'avoir roulé sur un rouge-gorge il y a une dizaine de jours. J'étais sur une voie rapide, il a surgi pour picorer sur la route et ne s'est pas esquivé à temps, j'ai cru voir voler des plumes dans mon rétroviseur. D'habitude j'épargne jusqu'aux scarabées, je m'en suis un peu voulu, d'autant plus que je lisais pour la première fois René Fallet et ses imprécations contre l'automobile. Le froid très vif engourdissait moineaux et bergeronnettes et tuait même les flamants roses, ce qui me préoccupait plus, avouons-le, que la mort de Whitney Houston. De l'une comme des autres je goûte plus la beauté que le chant, pas loin de croire que Gainsbourg avait finalement le mieux résumé ce que nous Français pouvions penser d'elle. Les journalistes n'en pensaient pas plus mais tenaient par imitation à en parler, un désert musical à la radio m'en a donné de désagréables preuves : il est incroyable que la perspective d'avoir un éloge funèbre de Pascale Clark n'ait fait renoncer personne à mourir.

Whitney Houston, c'est un peu comme Glee, un mets local impropre à nos tempéraments. Je sais qu'un million de Français regardent Glee à la télé, probablement le double sur internet, parce que dix millions d'Américains le font et qu'en cette matière on peut leur faire confiance. Sauf que Glee, c'est un peu comme Bienvenue chez les Ch'tis (en mieux fait) : c'est très mauvais, mais ça dit quelque chose du pays, disons même du « vouloir vivre ensemble » (guillemets prophylactiques). On prend une noire, un blond, une juive, un handicapé, un homosexuel, etc., on les fait chanter et danser côte à côte et chacun aura droit un jour ou l'autre à son solo.

Le je-ne-sais-quoi qui donne l'avantage au flamant rose, c'est qu'il est rose, certes, mais c'est aussi la forme de son bec : on dirait qu'il régurgite en permanence la tête d'un cygne à bec noir. Je ne résiste pas à ce genre de chatterie.

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