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15 juillet 2010

Bestiaire

Il y a trois jours j'étais au sommet du Canigou entouré de chocards, au bec jaune d'oiseaux de dessins animés. En redescendant, j'ai aperçu une marmotte sur le seuil de son terrier et un lézard jaune et bleu, gros comme un caméléon, que je considérerai pour le moment, faute de temps pour mener des recherches, comme un spécimen exotique retourné à la liberté — il était d'ailleurs fort peu sauvage. Le soir j'ai plongé pour ramener à la surface la nacre iridescente de la coquille d'ormeau et deux opercules d'escargot, promesses de fortune; j'ai croisé le regard de soie d'un poulpe, qui a fui avec majesté. Après avoir cueilli cinq kilos de groseilles, pas à maquereaux, j'ai traversé la France du sud au nord, par les nationales, en admirant ce beau réseau arachnéen. En Combraille, des tournesols boudeurs tournaient ostensiblement le dos au soleil. A Meaulne j'ai franchi l'Aumance et comme chaque fois je me suis promis de m'y arrêter au retour, conscient d'être sinon au centre géographique de la France, en son cœur précis. En bordure de la forêt de Tronçais, un renard, plus grand que je n'en avais jamais vu, a jailli devant moi. A Saint-Amand-Montrond on trouve un bar de la Marine et une statue de Jacques Brel encore plus laide que l'original, quoique moins chevaline. Au nord d'Orléans, une route à la rectitude irréelle de méridien traverse de riches plaines céréalières : j'ai pu voir trois feux d'artifice simultanés, en trouvant même parfois le temps de regarder la route et d'éviter une chouette effraie et une souris minuscule, grise comme le ciel normand.

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