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planes
6 juillet 2010

Revolution will not be televised

Il est urgent que je me contredise : cette Coupe du monde n'est pas un fiasco. Des récriminations d'un amoureux déçu on peut tirer quelques conclusions sur l'amour, sûrement pas sur l'être aimé. Le football est intact et plutôt que de s'inquiéter de son sort, réjouissons-nous de son existence et proclamons comme le font les Américains avec leur basketball : I love this game. Je ne feindrai pas l'enthousiasme. Le match entre l'Uruguay et le Ghana par exemple, peut-être parce que vu par intermittence, m'a laissé sur ma faim jusqu'à son dénouement et la belle dramaturgie que le sport seul aujourd'hui peut créer : les deux buts marqués pendant le temps règlementaire sont des anomalies, des monstruosités balistiques nées d'un ballon grotesque — quiconque a tenté des frappes de l'intérieur du pied avec un ballon de plage connaît ces trajectoires inversées —, et le Ghana s'est gagné une sympathie générale sur des critères honorables, mais bien peu footballistiques. Quant aux quelques habituels scandalisés qui voudraient modifier la règle parce qu'ils la trouvent injuste, ignorons-les. Suarez a mis la main parce qu'il ne pouvait mettre la tête ou le pied, tout le monde aurait agi ainsi, ce n'est pas de l'antijeu, c'est au contraire du jeu quintessencié. Pourquoi ne pas changer aussi la règle des échecs et interdire les sacrifices, par trop immoraux ?
Cette Coupe du monde ne me passionne pas, mais elle en passionne d'autres, et c'est tant mieux. J'ai parlé ces derniers jours à plein de gens opposés au vidéo-arbitrage pour des raisons très pragmatiques, bien plus convaincantes que ne l'étaient celles-ci. La règle restera la même et peut-être les innovations techniques cesseront de favoriser la bêtise la plus intéressée : pourrons-nous choisir ce que nous voulons voir et entendre, faire taire les commentaires et ne garder que les sons d'ambiance du stade, bannir les ralentis et les passions de procureur pour une jouissance sans rupture du temps sacré du jeu ? A défaut nous irons au stade, et si le prix des places continue d'augmenter pour de prétendues raisons sécuritaires, cette dégueulasserie, on le jouera nous-même, le football, ou sortis de la carrière on le regardera jouer par nos enfants. Jeudi, dernière consultation avant reprise probable du football à la rentrée.

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