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16 mars 2010

Lucky punch

Proust ayant écrit la Recherche avant lui, Barthes repoussa tant qu'il put son entrée en littérature, et l'écrivain se contenta de faire un peu d'entrisme dans le domaine de la critique. Cela lui valut des ennemis inconséquents, capables d'écrire des centaines de pages laborieuses, fielleuses et vraies, pour démolir des rapprochements barthésiens, tout d'intuition et de licence poétique, qui en effet ne faisaient que sonner juste. Imagine-t-on un agronome consacrer une thèse à la dénégation scientifique de la couleur bleue de l'orange ?
Cela lui valut aussi des exégètes complaisants et endurants, prêts à prendre au sérieux tel raccourci, à en débattre (la langue est-elle fasciste ?), à chercher pour cela les infinies décimales d'un nombre choisi par Barthes sous la forme d'une fraction irréductible, au motif de quelque symétrie entre numérateur et dénominateur, et pour la joliesse de l'ensemble.
Aussi ne m'attarderai-je pas à discuter la justesse d'une telle assertion : la boxe est un sport janséniste, encore compliquée par la décourageante étendue du second phénomène, aux contours flous, terrain vague si contraire aux belles et nettes limites du ring. Tout juste évoquerai-je le souvenir lointain, émerveillé, d'un film de Robert Wise, Nous avons gagné ce soir (The Set-Up), tragique film de boxe, acharnée réflexion sur la grâce : dans les vestiaires, on y discute pari pascalien, sans le nommer, et on loue la beauté du lucky punch, victoire, par arrêt de l'Arbitre, du salut contre le désespoir.

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