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planes
9 mars 2010

Groovy baby

Combien de fois cette année me suis-je félicité de l'arrivée du printemps ? Chaque fois, je crois, que le soleil pointait (à l'imparfait, je cesse de préférer poindre). Il y a trois jours je me disais qu'explorer le littoral en kayak serait un plaisir de roi tahitien et j'envisageais l'achat prochain et déraisonnable d'une embarcation usée, et un canotage immédiat. Le ciel est bleu, la mer à peine moins, mais le sol est blanc, recouvert d'une épaisse couche de neige que le soleil, qui la pointe avec constance, ne parvient pas à faire fondre ; ma croisière attendra. Je ne sais pas trop pourquoi j'ai entrepris l'écriture un peu vaine de cette note, peut-être est-ce un effet de la fièvre : soulagé par son accalmie, je voudrais faire savoir ma reconnaissance, et toujours un peu fébrile, je n'ai pas la sagesse de m'en abstenir. Pendant les plus fortes poussées, en attendant que ça passe, j'énumérais tout ce que la santé permet, sans qu'on y songe, et sans qu'on en profite : passe-temps de malade. Je devais tout de même un peu délirer, puisque je songeais à étoffer plus régulièrement ce blog, mais aussi à le rendre plus groovy. Oui, groovy. Sain je n'y aurais jamais pensé. La dernière fois que je suis allé à Florence, j'ai vu un type qui portait un tee-shirt sur le dos duquel s'affichait, en lettres dorées, "football is groovy". Je jugeai la devise juste, et je me promis d'en trouver un semblable en France. Je devais découvrir, malheureusement, que le devant du tee-shirt, dérobé à ma vue par mon pas de flâneur, était orné d'une moustache et d'une chevelure blondes et ridicules, du genre Christophe, Astérix sans le casque ou Wilbert Suvrijn sans le rasoir. La morale de cette histoire ? Les tee-shirts sont comme les disques vinyle, les bifaces, Janus Bifrons et les frères Bunker : ils ont deux faces (cette morale est exiguë, c'est vrai, on la voudrait extensible à la vie, si vaste qu'elle semble appeler toutes les comparaisons mais qui en réalité n'en permet que de vaines et bancales). Il me souvient que lors de ce voyage en Italie, en amoureux et en R19, admirez l'attelage, nous écoutions dans la voiture une anthologie personnelle de chansons légères et variées, choisies sur un seul critère : le plaisir que nous aurions à les chanter — l'état des roulements de la voiture et la modestie de notre installation acoustique, qui palliait bien mal l'absence d'autoradio, nous encourageaient à le faire. Parmi ces chansons, un tube du moment, Ca me fait du bien, d'Emmanuel Moire, auquel nous trouvions du charme, surtout à ce couplet, qui commençait par une mélancolie évocatrice d'Henri Calet et finissait par un fascinant mystère :
« Toute la journée d'hier
   J'étais plein de larmes
   Sans bien même savoir pourquoi,
   J'ai fait beaucoup d'effet
   En traversant la place
   Avec mon tee-shirt double-face. »
Les années ont passé, l'Arno a continué de couler sous le Ponte Vecchio, et je ne sais toujours pas ce qu'est un tee-shirt double-face, sinon un tee-shirt absolument normal. Je vais reprendre une aspirine.

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Commentaires
P
La grippe se caractérise par un épisode fiévreux en "V" : la fièvre devrait bientôt remonter la pente, et moi la redescendre.
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A
Donc je souhaite que vous ne guérissiez pas. (Sinon même erreur il y a quelques jours, sorti une robe presque légère tant j'étais heureuse de voir du soleil.)
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planes
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