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planes
24 mars 2008

Songe

Je passe sur l'incongruité du décor, digne de Fatio de Duillier, une église italienne où les fidèles accompagnent d'une glossolalie, rugueuse mais à l'imitation tentante, la sonnerie athlétique des cloches par des moines en robe de bure. Nous parlons entre amis, parmi lesquels mes deux derniers compagnons successifs de défense centrale. Le premier, symbole de rosserie, parle d'un grand sac de toile aux vertus magiques, comblant sa vacuité, et son possesseur, de son plus beau souhait, et demande à chacun ce qu'il désirerait. Le deuxième, parangon de loyauté, répond son tour venu, avec une grandiloquence un rien naïve : « la femme de ma vie ». « Si tu crois qu'elle va rentrer là-dedans... », se moque le premier, et nous tous de rire.

Je me réveille avec un inhabituel et diffus malaise. Cailloisien en cette matière comme en tant d'autres, j'accorde peu d'intérêt à l'interprétation des songes, écorces et nuages de l'âme. Ici, la cohérence interne du rêve me trouble ; une répartie insensée, dotée d'une portée comique imaginaire, drôle sans rime ni raison, typiquement onirique, m'aurait occupé l'esprit quinze secondes. Je sonde ma mémoire pour vérifier que je n'ai pas entendu cette histoire quelque part et suis d'autant plus intéressé que cailloisien modeste, j'ai pour ambition de laisser à la postérité non un proverbe, mais une histoire drôle et non moins anonyme, une blague inédite et impayable. La répartie nocturne n'en tient pas lieu à mon esprit, mais je suis tout de même impatient de la tester : échec cuisant auquel je ne m'attendais pas. Les personnages sont peu ou pas connus de mes cobayes, les enchaînements induits qui me paraissaient évidents leur échappent absolument, avec eux l'eventuelle drôlerie. Peu à peu l'impression qu'avait suscitée le rêve en moi s'évapore, je me rends compte que la machine onirique s'est vengée de mon dédain avec subtilité, me trompant non sur la nature du rêve, mais sur ses effets. Il ne reste de tout cela que fumée, et cette relation, également illisibles.

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