Tératologie
Je finis la lecture de Corpus Christine de Max Monnehay, roman raté sur un sujet immanquable : la faim, thème le plus négligé de la littérature, et ses corollaires contemporains, l'obésité et l'anorexie comme maux culturels, satiété du spectacle, mal du siècle et jeûne sécularisé, psychologie de l'opulence et misère de la psychologie, etc. J'ai lu ce roman sur la foi d'une photo, qui montrait en pied l'auteur, jolie — Max Monnehay est une jeune femme. Adolescent, je me suis imposé la lecture laborieuse d'un roman de Nina Bouraoui après avoir aperçu dans un magazine une photo avantageuse d'un centimètre carré qui mettait en valeur ses yeux de biche : expérience douloureuse qui ne m'a pas guéri. Je jette parfois un œil quand Nicolas Fargues passe à la télé, admire Arthur Cravan pour des raisons un peu troubles et aime bien découvrir que tel écrivain mort depuis trois siècles était fort joli garçon. L'alliance du talent ou de l'intelligence avec la beauté physique a quelque chose de surnaturel qui me captive. Comme c'est exagéré ! Qui m'intéresse.