J'avais bien de la peine

« J'avais bien de la peine, quoique je me mordisse les lèvres, à m'empêcher de rire de ce monde renversé. »
Cyrano de Bergerac, L'Autre Monde.

A part cette très réjouissante lecture, je m'égare tout à l'heure devant la télé, la même émission qu'hier, où l'on parle encore d'un nouveau film, dont la bande-annonce me fait dire que c'est encore un Journal de Bridget Jones, avant de me rendre compte que c'est encore plus mauvais, de le franciser en Journal de Brigitte Jean, d'entendre avec un fort accent pied-noir une réplique sur une mère, signe que c'est de l'humour juif français — l'humour français, c'est quand on se moque de sa belle-mère, l'humour juif, de l'absurde condition humaine, l'humour franco-juif, de sa mère — et je cherche à judaïser ce journal de Bridget Jones. Le Journal... Le Journal... Elle vient à mon secours : d'Anne Frank. Je ris, la menace de publier ça ici, à quoi elle me répond que ça peut me permettre de me maintenir dans les liens de Skoteinos. Comment pourrais-je ne pas l'aimer ?

Promenade ce matin dans la foire déserte, au milieu des galettes de vomi que picorent dans la concorde moineaux, pigeons et mouettes. Je crois que c'est dans L'Argent de poche de Truffaut que les jeunes héros avant d'entrer en classe errent dans le champ de foire à la recherche de menue monnaie perdue. Je fais de même, c'est une de mes passions, la plus ancienne et la plus constante, je rêve fréquemment que je trouve des pièces, des francs de préférence, plus résistants à l'érosion, mais ce matin dois me contenter d'une pièce d'un cent et d'un briquet. La vénalité m'abandonne un instant et je vise au sol un morceau de papier quadrillé plié en quatre que je devine mot d'amour ; c'est un bon pour 23 660 points à échanger dans un stand voisin. Que peut-on avoir, rêvé-je toute la journée, avec 23 660 points ? Eh bien, vous ne le saurez jamais.

Comments

[Marie]

Moi je sais.... ;-)