Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
planes
4 octobre 2007

Aliment à la méditation

   « Si les critiques du hadîth avaient réussi à faire prévaloir leur méthode, et éliminé des recueils "authentiques" tous les hadîth dont les isnâd sont apocryphes, les croyants n'y trouveraient plus que de la "viande sèche" comme aliment à la méditation : quelques prescriptions d'hygiène et de civilité, relatives au nettoyage des babouches, ou au bois dont on doit faire les cure-dents. La critique purement formelle des isnâd n'aurait pas dû sortir de son rôle négatif de servante qui balaie la maison. S'appuyer sur elle comme critère, pour constituer le "corpus" de la tradition islamique, déduire le rang d'importance sociale d'un précepte religieux du degré d'impeccabilité externe de sa transmission littérale, aboutit à en éliminer indûment les préceptes les plus importants. Si, théoriquement et privément, la recevabilité du témoin est à scruter avant la teneur du témoignage, — pratiquement et socialement, la teneur du témoignage peut primer la recevabilité du témoin. En justice, on n'hésite pas, pour atteindre des témoignages d'une teneur exceptionnelle, à changer le mode de consultation des témoins, à forcer même leur aveu. Une méthode de critique historique qui s'impose de n'accepter que les récits de témoins "professionnellement honorables", provoqués et enregistrés suivant des formes régulières, passe à côté de la plupart des événements "insolites" et tombe, au surplus, à propos des autres, dans tous les pièges intéressés, tendus à la crédulité des gens "positifs" par les fabricants de "documents". »

Louis Massignon, Essai sur les origines du lexique technique de la mystique musulmane.

Publicité
Publicité
Commentaires
planes
Publicité
Publicité